AU COEUR DU PECHE DANS L’EMERGENCE

15 décembre 2015

AU COEUR DU PECHE DANS L’EMERGENCE

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Monsieur le président de la république,

je m’appelle André, j’ai treize ans et je suis en classe de 4è au collège moderne du plateau.

Je vous écris cette lettre parce que vous avez dit qu’en l’an 2020 nous serons dans l’émergence.

Mais nous ici à yopougon sicogi le tour, nous sommes déjà dans l’émergence de l’urgence ; Mon professeur dit toujours cela quant c’est catastrophique !

A la sicogi le tour, c’est là que j’habite à quelques pattés de maisons du parking Ruth Tondey.

Oui monsieur le président, tout le monde connais notre quartier à Abidjan, à l’instar de la rue princesse, dont vous avez surement entendu parler.

Vous avez dit que l’école serait obligatoire, c’est une bonne décision car dans mon quartier les enfants de mon âge qui vont à l’école se comptent sur les doigts d’une main et je ne vous dis pas le pire car nos grands frères qui ont entre 17 ans et 30 ans sont tous aux quartiers à travailler le vent ; Ils brassent que des paroles fortes et inaudibles comme dit notre professeur quand nous bavardons en classe dans le vide.

Le soir quand je descends du bus pour rentrer à la maison, j’enlève ma tenue d’école et mets un maillot du Fc Barcelone afin de mieux me camoufler avec eux ; Chez nous on n’encourage pas trop les intellectuels !

Je sais monsieur le président que je devrais étudier après l’école mais sachez que dans mon quartier, une partie de nos parents ont vendus notre parking à des maquis, qui tous les soirs mettent la musique que même on ne peut s’entendre penser ; Dans ce cas comment étudier ?

Pensez-vous monsieur le président que je prendrai le bus de l’émergence ? Ou est-ce seulement pour les enfants de Cocody, les deux plateaux et de le riviera, que vous parliez ?

Quand je n’étais encore qu’un petit enfant, j’aimais à regarder jouer mes grands frères sur ce parking à me dire qu’un jour moi aussi je serai le meneur de jeu d’un tournoi d’équipe, mais certains de nos parents n’ont pas perçu mon rêve ; Ils ne rêvent plus, ils ne pensent qu’à eux, ils veulent gagner avec l’argent qu’ils prennent aux six maquis installés sur ce petit parking ce qu’ils n’ont pas gagné en étant fonctionnaire.

Mais en faite, qu’est l’honneur sans argent, si ce n’est-ce qu’une maladie ?

Ce qui les divisent d’ailleurs tous ces septuagénaires qui n’ont guère de sommeil réparateur.

Plus personne ne peut utiliser le parking où sont permanemment installés les différentes bâches des maquis couvrant les chaises qu’ils installent tous dès le petit matin jusqu’après minuit.

Les voitures jonchent la ruelle que l’on se croirait à toute heure de la journée aux abords d’un meeting.

Que fait la mairie ?

Ma mère rit !

Elle rit du seau que lui a donné la mairie après avoir battu votre campagne présidentielle 2015 pour récompense malgré l’amplitude des dons et les centaines de millions qu’a donné gracieusement votre femme ; La première dame !

A voir le parking bondé toute la journée, cela m’encourage à travailler mieux à l’école car je veux être l’un de ces clients défilant dans notre quartier avec de belles cylindrés que nous nous imaginions qu’en rêves ; Ferrari, Porches Cayenne, Audi Q7, Jaguars, Bmw, Mercedes, sans oublier ces marques américaines que je ne connais encore.

Je veux aussi déguster la bière de la mine d’or, du BC Boucan ou du Bougnac ; Voici les noms que portent la plupart de ces maquis.

Comme dit mon professeur, ces noms en disent long !

Avant de vous envoyer ce courrier, j’ai écris à la SOLIBRA afin de savoir si la bière livrée a ces maquis était unique car au quartier nous nous posons la question de savoir pourquoi ces messieurs viennent-ils de façon récurrente des beaux quartiers, de Treichville, du plateau, de Koumassi et des autres communes pour venir consommer une à deux heures, une bière qu’ils pourraient trouver partout à Abidjan ?

Serait-ce dû à la beauté et à l’accoutrement de nos nombreuses grandes sœurs à la peau dépigmentée qui ont écourtée leurs jambes, pardon je voulais dire leurs jupes et raccourci leurs soutiens gorge?

Ou encore à l’idylle entre nos grands frères et la marie jeanne ?

Monsieur le président je ne fais pas allusion à ma tante qui vent « alloco » au quartier, mais plutôt à celle qui vent les plantes médicinales au marché qui vous rendent hyper cool ; Un peu trop à voir leur chevelure !

J’ai écoute les grands frères du quartier dirent que tous ces propriétaires de grosses berlines allaient dans le même maquis comme suivant la ligne longitudinale menant à la mine d’or.

L’objet de leur quête ?

Peut être le sucre d’orge ou encore la poudre d’or.

Certains reniflent en sortant, les médisances des grands frères du quartier qui se sont laissés corrompre par ces tenanciers de maquis et se retrouvent donc poings et pieds liés.

Que fait la police ?

Elle se fait la peau lisse les clés du bazar en main ; Elle bronze dans l’abondance des générosités.

Que peuvent les lois là où ne règne que l’argent ? demanda Pétrone.

Les policiers du 16eme arrondissement viennent s’y abreuver, la police urbaine, c’est pour elle une aubaine, et la police anti criminalité et anti drogue, veillent au grain ; C’est un marché tant porteur que le Disque Joker de la place s’est permis de baptiser notre quartier « Au cœur du péché » et c’est bien un euphémisme car on y trouve de tous les acabits sur notre parking.

Qu’on épèle Prostitution juvénile, homosexualité, marijuana, cocaïne; Tous sont présents à la fête!

C’est un peu comme tous ces fumoirs installés dans tous les quartiers d’Abidjan qui sont aujourd’hui secret de polichinelle, mais que l’on veut nous faire apparaitre comme de gros coups de filet quand la police veut s’émoustiller médiatiquement.

Monsieur le président, vous avez dit que nous allons réussir ensemble, mais parliez-vous de nous aussi ?

Et puis qu’allons nous réussir ensemble dans ces conditions ?

Et avec quelle jeunesse ?

Que ferons-nous quand tous ces drogués en herbe seront en manque ?

Comme on dit dans notre quartier, « on pisse sur les murs et puis ca va pas quelque part ! ».

Je ne veux pas devenir un microbe, je ne veux pas être un jeune de quartier difficile, je veux être un être émergent !

Qu’allez-vous faire pour nous monsieur le président ?

Et que comptez-vous faire contre eux ?

J’ai vu qu’aux abords de votre résidence, il existe l’unique panneau en côte d’ivoire interdisant la nuisance sonore, mais ne pensez-vous pas que nos parents à la retraite en ont aussi droit ?

L’installation des maquis se fait de façon anarchique sans aucune enquête commodo et incommodo, mais c’est la croix et la bannière pour les faire taire.

Et pourquoi ?

Tout simplement parce que ça arrose un maquis, et tout le monde veut en être mouillé, émergé !

Les députés ?

Ils en sont dépités, monsieur le président !

On ne les voit que lors des campagnes législatives.

Monsieur le président ne serait-il pas le moment venu de nous expliquer votre concept de l’émergence et du réussir ensemble ?

Sur instance des grands frères du quartier, de certains propriétaires et locataires, la haute autorité municipale de la commune de Yopougon a décidé de faire déguerpir ces maquis depuis le 04 décembre 2015.

Mais voici que le responsable technique de la mairie et certains de ces compères, ont décidé de surseoir l’ordre de monsieur le maire de leurs propres initiatives en donnant un sursis à ces bruyants colonisateurs d’un autre temps.

Ne serait-ce pas de l’insubordination ? Ne dit-on pas que la discipline est mère de succès ?

A qui cela profite t-il ?

Que gagnent le responsable technique de la mairie et ses compères en s’opposant aux propriétaires et locataires du quartier ?

Partout où l’homme veut se vendre, il trouve des acheteurs ! Disait Henri Lacordaire.

Vive l’union ! Que vive la discipline ! Afin d’éviter le spleen dans le travail.

RESPIREZ! C’EST LA VIRGULE.

 

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